QAnon serait rédigé par deux personnes différentes, comme le montre l'analyse par machine learning.
Une approche stylométrique par analyse algorithmique fournit de nouvelles évidences pour identifier les auteurs des théories du complot QAnon.
QAnon a diffusé à une audience sans précédent des théories du complot. Ses milliers de messages en ligne ont popularisé des récits tels que l'existence d'un deep state, c’est-à-dire celle d’une élite impliquée dans du trafic d'enfants. Récemment, il a été à l’origine d’une série d'attaques violentes et a été classé menace terroriste par le FBI. La société suisse OrphAnalytics vient de publier une analyse de tous les messages postés par Q. Sa technologie brevetée vise l’identification des auteurs de documents écrits. Elle a identifié des signaux de deux individus dans le corpus des messages de Q. Cette enquête contribue à révéler les origines et les personnes qui se cachent derrière l'une des théories de conspiration les plus dévastatrices de ces derniers temps.
"Nos résultats suggèrent très fortement l'existence de deux auteurs différents derrière Q", déclare Claude Alain Roten, PDG et co-fondateur d'OrphAnalytics. "De plus, ces signatures distinctes correspondent clairement à des périodes distinctes dans le temps et à des forums en ligne différents".
Ancien généticien formé à Harvard et à l'Université de Lausanne, Roten a dérivé son approche de l'analyse de texte de la génomique computationnelle. Alors que la stylométrie conventionnelle repose sur l'interprétation des mots, du contenu ou de la syntaxe, la technologie d'OrphAnalytics est entièrement basée sur des analyses algorithmiques. Elle compare les fréquences des modèles de caractères pour faire ressortir les signatures individuelles, quelle que soit la signification du texte. Les experts de l'entreprise ont fourni des preuves irréfutables dans plusieurs affaires juridiques en Europe et collaborent avec l'École des Sciences Criminelles de l'Université de Lausanne.
Les analystes d'OrphAnalytics ont parcouru l'ensemble du corpus des postes de Q connus sous le nom de "Q drops". Ils ont nettoyé les 4952 messages de tout contenu dépourvu de syntaxe individuelle : listes, salutations, citations de personnalités, et messages de moins de 50 caractères. Ils ont ensuite transmis les messages restant à leur logiciel.
Analyse statistique multivariée (patterns de trois caractères / unités de 7500 caractères concaténées) / par OrphAnalytics 2020
L'analyse montre que la première période des messages Q porte clairement une signature individuelle distincte du reste. Ces messages initiaux apparaissent sur le forum web 4chan, du 28 octobre au 1er décembre 2017. Après cette période, un autre auteur prend la relève de QAnon sur un autre forum, nommé 8chan. La différence de signal est suffisamment forte pour ne laisser que très peu de doute sur cet échange d’auteur
La deuxième et plus longue période - du 1er décembre 2017 au 13 novembre 2020 - montre une seule signature avec une légère évolution dans le temps. S'il n'est pas impossible que quelques autres personnes aient mélangé leurs voix dans ces plus de 4700 messages, le signal est globalement très cohérent et est révélateur d’un seul auteur, explique Claude-Alain Roten.
"La prochaine étape consiste à mettre un nom sur QAnon en comparant ces signatures à celles de suspects identifiés par les investigations", dit Claude-Alain Roten. "Pour ce faire, nous recueillons et normalisons les écrits de ces personnes pour les comparer aux messages de Q". De récentes enquêtes ont permis de mettre en évidence une poignée d'auteurs potentiels derrière les messages de Q, notamment le propriétaire du forum 8chan, Jim Watkins. "Il est important de retracer l'histoire de QAnon. Cela pourrait aider à comprendre comment et pourquoi une théorie sans fondement et farfelue, initialement destinée à quelques hackers isolés, a fini par avoir un si large impact social et politique".
Résultats détaillés
Les analyses d’OrphAnalytics d’attribution d’auteur des messages de QAnon sont disponibles ici.
A propos d'OrphAnalytics
Fondée en 2014 en Suisse, OrphAnalytics développe une technologie stylométrique disruptive pour identifier les auteurs de textes. Elle fournit son expertise dans la recherche en littérature, pour la détection de ghostwriters et dans des affaires juridiques. Son approche brevetée de machine learning adapte des techniques d'analyse génomique. OrphAnalytics collabore avec l'École de Sciences Criminelles de l'Université de Lausanne.